Le mikvé médiéval de Montpellier, bain rituel juif de purification du XIIIe siècle, est le témoin de l'importance de la communauté juive qui a joué un grand rôle dans le développement et le rayonnement de Montpellier.
Situé au cœur de ce qui fut le quartier juif, le mikvé compte parmi les plus anciens et les mieux conservés d'Europe. Il est alimenté par une nappe d'eau souterraine constamment renouvelée ; l'eau sort d’un orifice (ou gargouille) qui symbolise son passage.
Elle n'est pas touchée par un être humain avant de remplir le bassin, ce qui lui confère son caractère de pureté rituelle.
L’entrée dans la pièce se fait par un escalier de 15 marches rituelles menant au déshabilloir, le bassin apparaît en contrebas à travers la fenêtre géminée. Le Mikvé est creusé directement dans le rocher de grès et se situe environ 5 mètres sous la chaussée moderne.
Dans le bâtiment qui l’abrite, rue de la Barralerie, se trouvent également les vestiges de l’ancienne synagogue médiévale, lieu de spiritualité millénaire et incontournable, symbole du Montpellier médiéval.
Rayonnement intellectuel
Expulsés d'Andalousie après la prise de pouvoir par les almohades aux alentours de 1140, de nombreuses familles juives émigrent depuis la péninsule Ibérique et s'installent dans la ville marchande de Montpellier. Au cours du 12ème siècle, une importante communauté juive se constitue donc dans la ville et apporte un certain rayonnement intellectuel par la présence d'érudits et de médecins. Vivant dans un quartier communautaire comptant entre 500 et 1000 personnes, les juifs montpelliérains construisent différents bâtiments nécessaires à leur vie religieuse et sociale. Un bain traditionnel, le mikvé, est alors construit durant cette période.
Le mikvé est utilisé par la communauté juive du 12e au 14e siècle. À partir de 1306 et l'expulsion des juifs du royaume de France décidée par Philippe le Bel, le mikvé est démantelé. Le bassin est conservé comme puits puis se perd progressivement avec la construction des maisons aux siècles suivants. Cet espace est notamment utilisé comme cave, notamment une cave à charbon.
Des éléments du mikvé sont redécouverts au début des années 1980. L'édifice est restauré puis inauguré en 1985. Entré en possession de la ville, il est classé aux monuments historiques en 2004.
Le Mikvé est visitable uniquement via les visites « l’Essentielle » et « Mikvé, un joyau préservé » proposées par l’Office de Tourisme.