Montpellier, ville amie des chauves-souris !
Montpellier se distingue comme l'une des villes françaises avec la plus grande concentration de chauve-souris, abritant 17 des 34 espèces recensées sur le territoire national. Ces précieuses alliées de l'homme, protégées par la loi, jouent un rôle crucial dans la régulation des populations d'insectes nuisibles grâce à leur régime alimentaire exclusivement insectivore.
21 espaces verts étudiés
Ces données découlent d'une étude menée en 2011 dans le cadre du programme "Vigie Nature" du Muséum national d'histoire naturelle. L'opération a mobilisé un large éventail d'acteurs : les Ecologistes de l'Euzière, le Groupe Chiroptère Languedoc-Roussillon, les services municipaux de Montpellier (espaces verts et zoo du Lunaret), ainsi que des citoyens bénévoles.
21 espaces verts répartis sur l'ensemble de la commune ont été suivis grâce à des dispositifs d'enregistrement (bat boxes) installés dans les parcs.
72 points d'écoute supplémentaires ont été mis en place dans des espaces verts de quartier et 13 autres depuis les balcons des volontaires participants.
Deux cours d’eau essentiels
L'abondance de données recueillies a permis de confirmer que Montpellier fait partie des villes françaises les plus accueillantes pour les chauves-souris. Les espaces verts les plus fréquentés par ces mammifères volants se caractérisent par leur grande superficie et leur proximité avec la Mosson ou le Lez. En effet, ces 2 cours d'eau constituent des corridors vitaux pour de nombreuses espèces animales, dont les chauves-souris, et leur offrent des zones de chasse privilégiées.
D'autres facteurs contribuent également à la présence remarquable des chauves-souris à Montpellier : la faible présence humaine dans certains sites, la proximité de grands bâtiments et la présence d'arbres possédant des cavités susceptibles de leur servir de refuge.
Quelle est l’origine du mot “chauve-souris” ?
L'origine du mot "chauve-souris" est assez cocasse. Provenant du gaulois "cawasorice", il signifiait initialement "chouette-souris", faisant référence à son mode de vie nocturne et silencieux, ainsi qu'à sa ressemblance physique avec le petit rongeur. Mais pour les Romains, "cawa" ne voulait rien dire ! Au fil du temps et des transformations, "cawa sorice" s'est donc mué en "calvas sorice", donnant naissance à notre actuel "chauve-souris".
Loin d'être de simples souris dépourvues de pilosité, les chauves-souris méritent bien mieux que leur nom vernaculaire ! En réalité, ces mammifères volants appartiennent à un ordre bien à part : les Chiroptères, un terme issu du grec ancien qui signifie littéralement "main ailée".
Le cycle de la chauve-souris
- En automne a lieu l’accouplement. Les mâles et les femelles se regroupent au sein d’un même gîte. C’est aussi le moment où la chasse est intense, afin de préparer les durs mois d’hiver à venir. À la fin de l’automne, elles se mettent en quête d’un gîte pour hiberner.
- En hiver, dans le sud de la France, les chauves-souris hibernent. Généralement mâles et femelles dans des gîtes séparés. Les femelles gardent en elles les spermatozoïdes dans une poche près de l’ovule, attendant des conditions favorables pour entamer le développement de l’embryon. En cas de perturbation de leur léthargie (chaud, froid, dérangement), il peut arriver qu’elles changent de gîte. Cependant, leurs chances de survie sont alors menacées par l’épuisement de leurs réserves de « graisse brune » faites à l’automne, et la possibilité de ne pas trouver d’autre abri pour passer l’hiver.
- Au printemps, les femelles cherchent un gîte bien exposé afin qu’il soit réchauffé par le soleil. Elles mettent bas ensemble un à deux petits sans poil, et s’organisent collectivement pour les gardes pendant les temps de chasse.
- L’été, les petits sont autonomes et peuvent à leur tour participer à ce cycle, bien que le taux de survie des juvéniles la première année soit de seulement 50 %.
Protéger les chauves-souris par des gestes simples
Les chauves-souris, véritables alliées de l'environnement, ont besoin de notre aide pour survivre. En effet, ces insectivores précieux sont menacés par la destruction de leurs habitats et l'utilisation excessive de pesticides. Heureusement, des mesures de gestion simples peuvent être mises en place pour les protéger :
- Maintenir les milieux ouverts et boisés, favorables aux chauves-souris. Elles ont besoin de ces espaces pour se nourrir et chasser. Il est donc important de préserver les prairies, les forêts et les zones humides.
- Préserver leurs gîtes (vieux arbres, cavités, grottes...)
- Limiter l'éclairage public car l’éclairage artificiel peut perturber l'orientation et la chasse des chauves-souris.
- Installer des gîtes, des nichoirs à chauves-souris dans les jardins, les parcs et les forêts. Cela permet de pallier le manque de gîtes naturels et d'offrir un refuge aux chauves-souris.
Comment identifier les 3 différentes familles de chauve-souris présentes à Montpellier ?
Le Petit Rhinolophe Rhinolophus hipposideros - Famille des Rhinolophidés
Cette famille compte un seul genre (Rhinolophus) caractérisé par un feuillet nasal par lequel les ultrasons sont émis. Leur posture est également typique puisqu’ils sont systématiquement suspendus par les pattes, et au repos, leurs ailes enveloppent plus ou moins leur corps. Sur les 4 espèces françaises, 2 espèces sont présentes à Montpellier.
Le Petit Rhinolophe a été enregistré sur les berges de la Mosson, le Grand Rhinolophe dans la Réserve du Lez, et les 2 espèces sont présentes au Parc Méric. La diminution de la disponibilité en gîtes influe fortement sur ces animaux très vulnérables, tout comme l’éclairage nocturne des villes.
Les Murins Myotis sp.- Famille des Vespertilionidae
Le genre Murin Myotis compte 13 espèces identifiées sur tout le territoire national dont 5 enregistrées à Montpellier. Il se caractérise par l’absence de plis complexes au niveau du museau, et par le contraste de couleur entre le dos et le ventre.
Le groupe des Murins de grande taille compte 2 espèces très proches aussi bien morphologiquement et écologiquement : le Grand Murin et le Petit Murin. Ce sont les plus gros murins européens avec une envergure de 35 à 40 cm, pour une vingtaine de grammes. Ils font partie des seules chauves-souris chassant quasiment exclusivement dans les milieux ouverts (prairies, pelouses sèches, garrigues, etc...) à moins d’1m du sol. Leurs proies sont essentiellement des insectes terrestres (scarabés, sauterelles, criquets...). Leur gîtes sont exclusivement cavernicoles en hiver (grottes, mines etc...) pour les 2 espèces.
Minioptère de Schreibers Miniopterus schreibersii - Famille des Minioptèridés
Cette famille ne compte également qu’une seule espèce dans notre pays, il s’agit du Minioptère de Schreibers (Miniopterus schreibersii) dont la répartition est essentiellement méridionale. Cette espèce, de taille moyenne, présente une silhouette typique avec des ailes longues et fines, lui permettant un vol rapide jusqu’à 60km/h. Il affectionne les paysages couverts, puisqu’il est strictement cavernicoles.
Lors des phases d’inventaire, un individu a été enregistré en chasse sur la place de la Comédie. Seules quelques dizaines de cavités sont occupées par d’importantes colonies de minioptères en France, notre région a un rôle primordial pour la conservation de cette espèce.
Toutes les espèces de chauves-souris en Europe sont protégées par la loi
Contrairement aux idées reçues, les chauves-souris ne représentent aucun danger pour l'homme. Bien au contraire, ces mammifères volants jouent un rôle crucial dans la préservation de nos écosystèmes. En effet, en consommant de grandes quantités d'insectes nuisibles, elles contribuent activement à la régulation des populations, notamment de moustiques, de mouches et de papillons nocturnes.
Malheureusement, les chauves-souris sont aujourd'hui confrontées à deux menaces majeures : la disparition progressive des insectes due à l’utilisation intensive de pesticides et la destruction de leurs habitats. La déforestation, la disparition des grottes et la démolition de vieux bâtiments privent les chauves-souris de leurs gîtes et de leurs zones de chasse, les rendant plus vulnérables.
C'est pourquoi toutes les espèces de chauves-souris en Europe sont protégées par la loi. Par de petits gestes simples (don de gîtes à chauve-souris aux montpelliérains en automne, recensement des différentes espèces, préservation d’espaces naturels…) La Métropole et la Ville de Montpellier contribuent à faire connaître et à protéger ces mammifères volants.